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Article: BERTHE AUX GRANDS PIEDS DANS LE FIGARO

BERTHE AUX GRANDS PIEDS DANS LE FIGARO

BERTHE AUX GRANDS PIEDS DANS LE FIGARO

La chaussette française se remonte le moral


Ils étaient cinq cents en France il y cinquante ans. Cent il y a trente ans. Ils se comptent à présent presque sur les doigts de la main mais ils ne rendent pas les armes. Tricotage des Vosges, le plus important d’entre eux, fabrique depuis 1994 à Vagney, les chaussettes Bleu Forêt. Avec 15 millions d’euros de chiffre d’affaires, l’entreprise familiale de Jacques Marie et de son fils, Vincent progresse à l’export et se diversifie dans les collants fins. Elle se concentre sur ses propres marques. Mais elle est la seule dans ce cas. Les autres ouvrent leurs usines à des griffes de plus en plus nombreuses, haut de gammes accessible ou techniques, seuls créneaux viables sur un marché français où 95% des chaussettes vendues sont importées.

L’industriel Perrin, bonnetier à Montceau-les-Mines, en Bourgogne, depuis 1924, labélisée Entreprise du patrimoine Vivant (EPV), a ainsi développé ses propres marques : Perrin 1924, Dagobert à l’envers, la Chaussette française. Il produit en tant que sous-traitant et arrive ainsi à 4500 paires par jour. Il a la capacité de grimper à 6000. Perrin travaille ainsi pour Dior, Saint Laurent, Rykiel ou Jacadi, ainsi que les nouveaux partisans d’un « made in France » remis au goût du jour comme le Slip Français ou Berthe aux Grands Pieds, marque que Régis Gautreau a lancée en 1999. A ses débuts, il la vendait sur les marchés.

Lorsque l’entreprise vendéenne qui la confectionnait a disparu, il a fait appel à Perrin. Un pari gagnant-gagnant.

Berthe aux Grands Pieds représente 40% du chiffre d’affaires de Perrin.

Régis Gautreau est même devenu actionnaire de l’industriel, participant à une transmission d’entreprise sans heurts. Les descendants des fondateurs de Perrin, Martine Couturier et son mari, restent dans la société mais se préparent à céder leurs parts. Chez Perrin depuis quelques années, Damien Schneider, directeur général, deviendra d’ici juillet PDG et montera au capital, à 65 %, Régis Gautreau possédera 10 % et Constance Nicaise, avec 25 % sera DG après avoir piloté le réseau.

Assurer la relève

Le chiffre d’affaire de Perrin, qui avait reculé, jusqu’à 7 millions, a rebondi de 6 % en 2017 et devrait progresser cette année de 10 %. Encore présente dans 1500 points de vente, l’entreprise lance des sites d’e-commerce pour ses marques. Avec Berthe aux Grands Pieds, l’entreprise a déployé aussi une dizaine de boutiques à l’enseigne La Manufacture. L’enjeu, pour Perrin ou des marques comme Le Slip français, est de recruter et former des techniciens pour piloter des machines de plus en plus perfectionnées. Soixante-quinze personnes travaillent actuellement à la production chez Perrin. Cinq sont en formation. Autant suivront, « Au-delà de Perrin, Berthe aux Grands Pieds griffe d’autres produits et assure ainsi le maintien de 250 personnes en production, dans diverses usines de chaussettes, chaussons, parapluies ou pulls », explique Régis Gautreau.

Près de Limoges, en Haute-Vienne, depuis 1938, c’est Broussaud qui est sollicité, comme son concurrent Perrin, par le Slip français, Archiduchesse, Royalties ou de petites nouvelles comme Label Chaussette. Le chanteur belge Stromae y fait également fabriquer les chaussettes de sa marque de mode Mosaert. De quoi accroître la visibilité d’un savoir-faire transmis depuis trois générations dans la famille Broussaud.

Les cent machines de Broussaud tricotent du lundi au samedi, jour et nuit, pour produire un million de paires chaque année. Le chiffre d’affaires est passé de 1,9 de 2011 à 5,5 millions en 2017, pour 100 000 euros de résultat. La production est désormais à 60 % réalisée en France. L’entreprise avait un temps, délocalisé, pour résister à la déferlante de produits asiatiques bon marché avec la fin des quotas, au début des années 2000.

La PME revient de loin. Avant qu’Aymeric Broussaud, petit-fils des fondateurs, et sa femme en aient repris récemment le contrôle, elle aurait disparu sans l’appui d’Alain Bérest et de son fonds d’investissement Patrium. Celui-ci s’attache à investir dans des entreprises régionales. En 2006, le père d’Aymeric Broussaud n’avait pas pu empêcher la liquidation judiciaire de son entreprise. Grâce à Patrium, quelques mois après, les machines ont pu être reprises et 40 salariés ont été réembauchés. « Nous avons vécu des moments très difficiles … Aujourd’hui, nous avons tellement de commandes qu’il faut réembaucher mais nous recevons peu de candidatures, regrette Aymeric Broussaud. En cinq ans, j’ai recruté tour à tour une trentaine de jeunes pour qu’une seule reste en poste. »

Le Périgord voisin attirant beaucoup d’Anglais, certains travaillent chez Broussaud. Ainsi qu’un migrant sénégalais rencontré grâce à une association qui l’a aidé à régulariser sa situation.

Motifs originaux

Tous ces industriels et marques ne sont pas des jusqu’au-boutistes du « made in France ». Pragmatique, Bonne Maison, avec ses 36 modèles par saison, aux motifs originaux, avance sur deux pieds : la France et le Portugal. « Ce qui plaît, c’est le mélange entre qualité et créativité dans nos produits », explique Jean-Gabriel Huez, qui a lancé la marque en 2012 avec une créatrice, Béatrice de Crécy. Ils avaient travaillé ensemble quand il était directeur du marketing, de 1985 à 2000, de Doré Doré, passé ensuite sous pavillon italien. « Que tout ne soit pas produit en France, mais aussi ailleurs en Europe, n’est pas gênant » estime-t-il. Bonne Maison a réalisé plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires en 2017, dont plus de 80% à l’export.

Expert en chaussettes pour sportifs, mais aussi présent sur des lignes plus citadines, Tismail, implanté à Troyes, est à cheval entre la France et la Turquie. Il réserve à l’Hexagone les produits techniques et de haut de gamme, à la Turquie les commandes de la grande distribution. C’est en s’associant, il y a huit ans, au fils du fondateur de cette entreprise, Alain Laumone, que Benoît Seguin diplômé de l’ESC Amiens, s’est pris de passion pour un métier en péril. Tismail s’est équipé de machines modernes, capables de réaliser des chaussettes aux fines bouclettes, promesse de confort et d’hygiène, et sans réduire la part des matières naturelles. Tismail distribue ses produits chez 500 revendeurs en France et 200 en Europe. Son usine française tourne sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Il a écoulé 3 millions de paires en 2016 pour un chiffre d’affaires de 5,5 millions d’euros et 100 000 euros de bénéfices. Il vise 6 millions de chiffre d’affaire cette année. « Je suis fier de rester indépendant et d’avoir conservé une cinquantaine d’emplois à Troyes », dit le dirigeant.

Prudent, il a multiplié les marchés au cas où l’un ralentisse : 30 % de son activité repose sur les appels d’offres (lycée militaires, police, gendarmeries, La Poste). Il est ainsi le premier fournisseur de l’armée de terre et d’enseignes comme La Compagnie des Petits, Cyrillus, Arthur, Fusalp, qui optent aussi pour son « made in France ». Il exporte déjà dans dix pays européens, mais rêve de lancer plus loin encore son label premium, La Chaussette de France.

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